Ce qui reste parfois ( A literary essay )
Vivre est un visage qui manque. Il faut s'inquiéter du moindre corps, chercher l'objet le plus proche comme s'il était une issue, savoir nommer l'heure d'un jour et la blessure qui nous traverse.
Il arrive que je ferme les yeux sur la vie, fatigué d'être en deça de de ce qui accueille et éclaire. Parfois je longe une ombre, je ne sais plus être proche.
Un regard qui frôle et s'éloigne, une parole balancée dans l'oubli ; aussi quelques objets endommagés, une pièce déserte, l'horizon sans écho. Et toujours le trouble devant ce qui peut nous avaler, ajouter ce que nous sommes au poids du vide.
Rien ne nous soustrait au monde, à ce qui chaque jour nous demande de côtoyer la disparition et de s'en arracher. Peu d'événements nous sont donnés et il en faut tant pour s'approcher de la beauté.
Aimer si peu, si mal, comme si je devais revenir du manque et de la détresse, m'appuyer sur la déchirure pour aller vers toi.
Une pierre lisse, le passage d'un oiseau sous les paupières, une chambre où s'entassent des années de lumière; sans trouver, je cherche cela en nous.
Il y a des jours où l'on pénètre comme dans une chambre vide. Les heures se déversent sur le corps. Lentement les choses se débarrassent de désirs qui les encombrent.
Quand ces jours reviennent, on essaie alors de se jeter ailleurs, dans un fragment de mémoire, une phrase continue, la mesure d'une musique. Mais le plus souvent, tout s'en va encore.
Ce soir je ne saurai pas te parler, t'écrire, te faire voir ce qui reste l'orqu'il ne reste rien.
La fin s'ouvre dans l'écho d'un pas, une lettre à venir, un tracé de la perte. On n'en finit jamais de se quitter, d'avancer maladroitement jusqu'à la mort. Combien de jours m'as-tu retenu ainsi, éloigné de mes certitudes ?
Quelqu'un marche à mes côtés. Sur ce corps repose l'existence, ordinaire, fléchissante. L'humanité continue, grandeurs et petitesses s'amoncellent. Nous sommes ces quelques remous bordés par la nuit, ce peu d'événements qui retient l'univers.
Un désert se faufille en chaque lieu rôde un silence. Je redescend jusqu'à la blessure du monde commencée depuis toujours, scellée à ce que nous sommes.
Jamais lavé de la nuit, je me tourne vers toi. Tu vas parmi les choses les plus simples. Feuilles, pierres, marées. Ton corps s'échange contre un peu de vent.
Ce matin quelques gestes ramènent en nous la vie fragile et emplie de ruines. Une lueur sillonne nos corps dans le tourment de voir se perdre la nudité des heures qui nous ressemblent.
Aimer nous effraie, chaque fois frôle en nous la disparition. Tout se regarde, sans jamais se laisser voir. Penché sur moi, ton visage défait ce que je suis, débarrasse l'amour de ce qu'il fut.
À peine disparu, le jour s'allonge sur le vide. Un drap recouvre le désir que tu as laissé comme seule certitude. En moi la nuit revient soudain pour me parler de toi, les mots s'immobilisent.
Tout être enveloppe ton absence. Une à une, les minutes se brisent. Encore une fois cherchent à s'éloigner et à devenir invisibles.
Encore une fois, la fêlure du temps entasse les jours qui nous laissent à nous mêmes.
Je cesse de marcher, de toucher ce qui me retient de me perdre. Je commence par une phrase qui va jusquà toi.
Jamais le désert ne trahit notre silence. La faille continu à remuer sous nos pas en même temps que tremble ma voix accordée à la tienne.
suite à venir ..........
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