Puisque j'ai oser aimer, je vous écris encore

Je vous écrit encore, une fois de plus. J’ai parlé d’une blessure en nous et au fond des choses, de sa banalité, de l’impossibilité de fermé les yeux, de ne voir en ces quelques mots : amour, fissure, détresse, notre humanité intime et commune.
Neige légère et lente. Quelque chose nous maintient dans la distance comme en une désolation immuable, souveraine.
Quelqu’un vient et repars, nous laisse avec ces murs qui tiennent bon, ces chemins séparés d’eux-mêmes, ces corps remplis de cellules inemployées, de crevasses où disparaissent nos espoirs. Quelqu’un vient, nous abandonne. Seule reste la vie complice du jour et de la nuit, seul demeure ce peu de paysage auquel nous sommes amarrés comme à une voix qui fait battre le cœur.
Nous ne connaîtrons peut-être jamais ce qu’il y a de plus secret dans une seconde qui blesse ou guérit d’une autre seconde; peut-être ne saurons-nous jamais aimer avec ces mains de fragiles émotions qui nous élèvent et nous engloutissent, peut-être vivrons-nous à jamais des lettres ou courriels inachevées, perdues, illisibles.
Début de nuit. Reste des mots qu’aucune phrase n’a su retenir. Reste cela, le silence.
Je marche dans les rues. Qui sait si toutes les lettres, courriels d’amour commencées, lues, déchirées, écrites quelque part en cet instant ne sont pas les éclats d’une seule âme ? Début de nuit, je vous aime. Reste cela, ce visage donné à chaque chose.
Neige légère dans la nuit lente. Chaque lettre atténue votre absence, mais c’est si peu pour contenir ce qui vous appelle encore, ce désir sans origine ni fin.
Les montagnes, le lac, des nuages; tout se tait devant moi, tout me déborde et va, indifférent, au-delà de mes joies et tourments les plus dérisoires.
Nulle part où aller : le seul chemin que nous connaissions. Bien avant de vous écrire cette lettre, je portais avec moi mon désastre et sa grandeur, la possibilité d’appeler amour ce qui va jusqu’à perte de vue et disparaît derrière l’horizon.
Nous marchons vers de fugitives vérités, ne cherchant jamais qu’à retrouver une âme promise, à sauver un peu de ce monde qui chaque fois s’éloigne avec un visage. Nous n’avons nulle part où aller et c’est là notre route, l’instant de clarté qui nous accueille.
Et plus loin, la nuit dans laquelle il se jettera bientôt. Mais la possibilité de connaître un miracle le jour venu. C’est ce que je vous souhaite, mes copains et copines, amis et amies. Ce jour est déjà venu pour moi et viens encore puisque j’ais oser aimer.
0 Comments:
Publier un commentaire
<< Home