Lentement .....

Des paysages se croisent, basculent à la limite de l’horizon. C’est là que nous étions, que nous sommes, -état de vide et de trop plein d’un corps adossé à la terre.
Patiemment nous veillons sur une blessure qui ne guérit pas, cherchant un passage parmi les ruines d’une humanité obscurcie, retenus sans l’être par quelques cellules exiguës.
Angles, parois, brèches : toute chose se heurte à une autre, se dérobe et revient, un peu plus sombre, un peu plus tremblante. Certains roues sont promises à la perte, à cet instant irréparable ou l’on referme la porte derrière soi.
Depuis la colline, on peut apercevoir une ville que seul le regard atteint encore. Une lumière grise perce ma peau. Je n’ai plus d’autre souffle que celui d’un vent, plus d’autre appui que la terre. Vues de haut, les ruines instruisent de la beauté d’une pierre élimée, d’un chemin éclairci par le temps.
Le regard se déplace, comme si un battement d’ailes renversait soudain l’espace entier, découvrait mon visage, Quelque chose en moi se déchire, -peut-être la certitude de mon humanité, de ce qui chaque fois s’écarte, disparaît devant la vie. L’étendue demande qu’on s’y perdre, qu’on y laisse un peu de soi-même.
Je ferme les yeux et aussitôt la colline m’enferme en elle. Villes, chambres dispersées çà et là. Je me penche sur ce qui surgit en même temps qu’un paysage, en même temps qu’une absence.
Lentement, quelque ruines, le pari recommencé de ce que nous sommes. Tu inventes des rues semblables à nos corps, rues cernées de désirs, -aube versée dans les veines du temps, dans les veines de mon temps.
Nous avons franchi un pont tendu depuis toujours au-dessus de nos manques sans fond. Qui retenait la nuit de venir? Car nous avons marché plus loin que nous, sans jamais dériver de ce qui sépare et réunit.
Ce que je n’ai su dire, peut-être l’écrirai-je, maintenant que reparaît la mer, maintenant que reparaissent la distance et la perte, ces traits d’un paysage enfoui en nous. Ce que je n’ai su te dire s’écrit dans une nuit qui te rappelle encore, comme si mon ombre s’amplifiait de te savoir ailleurs. Quelque chose n’aura jamais lieu, que tu est pourtant posé sur ma vie.
De très loin, une pierre cherche le sillage d’une autre. Parfois on avance ainsi, parmi les éclats d’éternité, jamais rassasié de la douceur que ramène une voix, du trouble d’un regard, de la légèreté d’un geste. Vents, sables, rochers, -tout se jette sur ton absence, sans l’ensevelir, sans qu’elle cesse de se dresser en moi.
Ce que l’on sait nommer nous contient. Une ruelle, un carrefour, la colline. –Mon amour. Et tu reparais comme une ligne de l’étendue, son bord insoutenable.
Chaque fois, je suis ici empêché de commencer. Je descends dans cette vie qui a chaviré en moi. La répétition des choses, un reflet naissant, une phrase immobile; la seconde vers laquelle je vais se met à vaciller. Fragile et proche, tu te penches sur le silence.
À travers nous, les mondes est touché par la douleur, la solitude, la désolation.
Quelqu’un passe, qui ne reviendra pas. On croit comprendre. On imagine qu’il n’y a ni commencement ni fin, et que l’amour est trop grand pour nous. Tôt ou tard reparaîtra cette déchirure, ce même état de perte auquel nous ne sommes jamais préparés.
Arête de l’horizon devenue une entaille. Quelque-fois on ne peut plus aller vers la disparition. Et pourtant il faut encore se maintenir dans al dérive, poursuivre dans l’effleurement du vide, s’instruire de ce qui cède brusquement en nous : beauté qui, croyait-on, ne manquerai jamais.
Je pense à mes critiques, donc met un arrêt au texte ici et donnerai suite surement demain.
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