...... quelques ruines

Lentement, quelque ruines. Mon visage contre ta poitrine, je pense à cet instant fugace, à nos vulnérabilités qui frémissent, à cette faille toujours possible, -parce que je t’aime.
Début du jour. Un oiseau meurt et je reste sans voix, longeant ces tragédies individuelles et communes, cette extrémité de l’horizon qui ramène ce que j’ai aimé et laissé derrière moi.
La vie : présence, musique, tendresse qui parfois pour un bref moment, nous sauvent.
Une phrase s’est renversé dans tes yeux. Je la recueille avec cette solitude qui toujours rôde entre les mots, nous cherche inlassablement, par tous les angles, s’approche.
Des maisons blanches, des voies étroites. Mon corps effleure ce passé comme s’il était le présent. Tant de paroles maladroitement répandues sur l’absence, et le plus souvent, il suffit de si un peu pour rappeler ce qui nous échappe, revenir à quelques vérités que rien ne trahira.
Quelqu’un demande où l’on va. Peut-être vers ce qui dénude; peut-être allons-nous vers une ombre qui permet de voir, ou un regard qui fait que l’on n’est plus enfermé. Peut-être allons-nous ainsi.
Le rivage ne sauve plus. Dans ce qui se retire ainsi, où nos pas se maintiennent-ils ? je m’appui à la terre, à l’heure exacte de ce jour, à la nudité d’un arbre qui est aussi le mien.
Derrière moi, quelques villes. Je ne cherche plus à savoir qui je suis mais comment être. La vie nous entoure, qui ne départage plus l’ici et l’ailleurs.
Ce qui se laisse saisir de l’étendue n’est jamais qu’une ligne inachevée qui se tient sur le rebord du monde, perd pied un instant pour être aussitôt aspirée par l’invisible. Nos souvenirs s’échangent contre une ou deux certitudes. Le paysage m’ébranle encore, me permet de croire à ta voix. Maison commune du souffle, distance soutenable, enfin soutenue.
Ce n’est plus arrêter le temps que je désire, mais le mêler à mes pas. Je reviens d’où je en suis jamais parti.
Comme les balles perdues, nos paroles s’échappent, nous laissent désespérément libres. Parfois notre vie va ainsi, s’éloigne en emportant un peu de ce que l’on est et de ce que l’on aime.
En quel lieu les heures nous déportent-elles sans retour? Villes, paysages, milles noms pour un seul écho, une éternité qui repose au fond des jours.
La ruine délivre un passé sans contraire. La terre se retourne dans le très vaste silence de nos corps qui éprouvent le passage.
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