Parce-que je ne le sais pas encore.

Voyager dans l’étrangeté d’u paysage, d’une rue, d’un continent ou celle d’un visage dessiné par l’amour et sa disparition. Comment m’élever jusqu’à être vraiment humain, laisser venir à moi chaque signe d’une présence écrite, comme une regard qui ne me quitterais plus. Je ne le sais pas encore.
Ce que je sais est poser ma main sur une vérité de vivre, respirer légèrement à la lisière des saisons.
Je ne sais pas encore, quel est ce trouble qui commence avec les mots les plus communs parmi ceux que j’écris pour toi comme une route où l’on marcherait loin devant nous.
Je ne sais pas encore où j’en suis avec les minutes qui basculent en moi, ni où tu en est avec ces événements souvent banals qui font l’histoire et ne la font pas.
Je ne sais pas encore, pourquoi se perd l’évidence de quelques gestes; par exemple se lier aux secondes qui égrènent une vie entière. Sentir simplement ce qui est là, cette tranquillité maintenue comme un rebord du temps. Ni pourquoi ne répond à ces voix contraires qui évident le monde. – nos commencements toujours recommencés.
Je ne sais pas encore passer à travers une ombre, comme on passe dans une chambre d’hôtel, une salle d’attente. – ces liens minuscules du silence enfoui en nous.
Je ne sais pas encore me perdre dans ce qui vient et ne reviendra pas. Aller parmi ces jours sans nom, ces heures où l’on ne trouve rien. À poser à nous-mêmes mais dont nos mains gardent trace comme d’inutile déchirures.
Je ne sais pas encore donner ni recevoir cette beauté qui reparaît en nous, pour un instant, une éternité que l’on sait périssable. Prendre au ciel ce qu’il contient de notre âme, cet état de gravité, d’apesanteur où l’on perd pied et le redonner à l’aube, à la nuit à chaque chose affaiblie par le vide.
Je ne sais pas encore m’appuyer sur le temps qui décide de ce qui nous reste, au bout d’une allée pour en éclairer une autre. Devenir un arbre qui attend qu’en lui se retire un peu de vie, comme dans un espace donné à la vie qui se dénoue là où elle s’achève.
Sans le dire, sans jamais l’écrire, ce besoin de toi. Des heures qui réparent la faille et où l’on sait ce qu’est aimer, être aimer, traverser nos questions sans réponse. Ces Instants où rien ne se dérobe à ce que nous sommes. Où l’on fait qu’un avec la beauté qui borde l’émotion et chaque fois joue ses possibles à travers nous.
Je ne sais pas encore à qui je parle, ni à ce qui m’échappe de mon âme et vas respirer en ton âme. Par quel chemin entrons-nous dans le désastre à travers celui d’un arbre érodé par la pluie, ébranlé par une secousse de la terre qui ne peut fuir. Nos cruautés, ce visage humain débarrassé de lui-même. Par quel chemin les fleuves, l’herbe, l’oiseau que nous sommes. As t’on cessé de veiller sur soi-même, as t’on cessé de veiller sur les autres. Avez-vous cessez de veiller sur vous-mêmes ? ont-ils tous cessé de veiller sur les uns et les autres ? Sur eux-mêmes.
Je ne sais pas encore qui était et n’est plus derrière nos regards qui nous sauvait de nous-mêmes et ne nous sauve plus. Si la vie n’est pas ce vers quoi nous ne pouvons ne retourner : s’il y a consolation pour la tristesse qui revient comme une alerte, la marque visible de ce qui lentement se défait en chacun de nous. Je ne sais pas encore pourquoi le monde cherche sa beauté et s’il devrait éviter la douleur.
Je ne sais pas encore pourquoi cette ombre, ce silence versés dans nos mains. Ces manques insaisissables; au fond de l’air, un oiseau déploie ses ailes et s’il devrait éviter la douleur. Car je ne le sais pas encore.
Aurons-nous le temps d’aller très loin, de traverser les carrefours, les mers, les nuages. D’habiter ce monde qui va parmi nos pas d’un infini secret à l’autre. Pourrons-nous écouter le remuement des corps à travers le sable; aurons nous le temps de tout nous dire et d’arrêter d’être effrayés, par nos tendresses, nos chutes communes. Pourrons-nous tout écrire, d’un passage du vent sur nos visages, ces murmures de l’univers, ces éclats d’immensité. Aurons-nous le temps de trouver un mètre carré de terre et d’y vivre ce qui nous échappe.
Je le demande parce-que je ne le sais pas encore.
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