Vous et les assauts de la vie.

Cette nuit, l’attente est une mémoire suspendue au-dessus de ce que j’ai été, de ce que jamais je n’ai été. Un vent revient. Près de moi ce mot, -perte, dont rien nous préserve. C’est toujours avec un même tourment que j’écris et que j’aime mon prochain.
Comment trouvé ce qui parfois manque à tout?
Fêlures, craquements de notes qui tentent de s’arracher au provisoire. Fausse dates, oublis, retards. Où vais-je et qui m’attend? Je regarde le jour; je ne peux venir que de lui.
Lettres, terriblement semblables à nos pas, qui mêlent détresse et apaisement, doute et certitude.
Ce que j’écris interroge nos éternités passagères. Aimer ne se recommence pas. Devant moi ces quelques balises; la posture d’un arbre, les ondulations d’un brouillard, une route accrochée au temps, à une lettre.
Matin de tremblement. Sous une pluie mêlée de glace, votre voix, trop lointaine pour que s’entendent les mots. Mais sans cesse un murmure perce mon âme. Au dehors une pluie mêlée de glace et, sur la table, une lettre impraticable comme le sont quelquefois le silence, la vie, votre regard.
Rien ne dit ce qui est nécessaire ou le deviendra. En somme, ce que l’on tait n’existe peut-être pas.
Quand j’écris, que je vous écris; je ne comble rien. Un train s’en va encore et me laisse avec des milliers de solitudes resserrées en une seule.
Quelqu’un me demande ce qui reste des dépars et des arrivées, des appels persistants au fond de nous, de nos désirs tourmentés. Je revois l’immuable poussée d’une saison sur une autre, le glissement d’un avion sur le vide, un désert sous chaque pas, et partout votre visage comme une lumière sur mon chemin.
Lettre, encore. Impasse et retours, éclats de nos vies qui se touchent. Un point sur la terre se joint à une autre, s’y enfouit, cherche et trouve une origine. Une lettre encore, témoin de nos recommencements.
Ets-ce pour regarder, entendre, archer près de vous, que je descelle chaque phrase avec la mémoire de mon amour? Ets-ce pour l’inconnu vers lequel je serai, comme à chaque fois, reconduite? Est-ce pour des mots, -trouble, infini, splendeur? – ou pour la distance que suspend mon nom affluant de vos veines?
Des villes, des paysages, sans autre contour que celui du temps, comme les fragments d’une même histoire. Une voiture, un écho, la poussière, -tout va et vient, arrive et repart. On ne sait certaines chose que trop tard et alors on n’en parle plus, sinon quelques rares fois, avec peine.
Au dehors une pluie mêlée de froid. Le froid, l’expérience de la vie, de la fin.
J’aurais voulu traverser nos obscurités, me délivrer de l’achèvement, aller plus loin que cette seconde qui me regarde trembler. Rien qui puisses arrêter la blessure de s’enfoncer. À travers nous, quelque chose va vers la douleur. On sait que s’entassent nos pertes, et que vivre, c’est rester là, privé d’appui. On sait. Pourtant on cherche encore : amour, lumière, consolation. Et parfois je cherche ce qui est là, à mes côtés, -lueur qui est déjà la clarté. On ne sait pas.
Pertes et connivences, traversées; vous lire et vous écrire ramènent cette part indéracinable de ce que je suis.
Parlez-moi, oui, cela seul, comme une tonalité de vivre, un regard dérobé au réel et qui me sera redonné. Parlez-moi comme un vent soutient l’oiseau, le pousse derrière l’horizon. Parlez-moi, car le temps nous recouvre, et demain il fera un autre temps, un autre amour.
Certaines lettres plus que d’autres nous demeurent illisibles, se dressent entre des voix contraires, cherchent sans l’atteindre une origine. Ainsi cette phrase, enfermée dans des milliers d’enveloppes, des lettres cybernétiques auquel je garde ou fais disparaître dans le cyber espace des fois. _Je vous aime, dédiée à la folie, au désastre, à un train qui s’éloigne. De telles phrases, répétées à l’infini,
Je veille sur le vent, des résidus de silence, un oiseau qui a cessé de battre des ailes. Rien ne me préserve de cette vie, -la consolation ne viendra pas. Je ferme les yeux devant vous. Je ne prétends pas trouver place dans la durée d’un amour. Je ne comprend que peu de choses.
Une ombre sur le visage maintient la lumière. Mais on ne sait pas. Et j’ai perdu ce que je cherchais : vous.
jamais répétées.
Comme des questions posées au monde, quelques mots, les simples toujours, séjournent au fond des lettres, attendent qu’on les saisisse doucement.
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